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11/10/2015

L'EUROPE FACE AU PROBLEME DES REFUGIES

Editorial

On observe désormais une extraordinaire confusion autour du thème de l’immigration et du phénomène des réfugiés.

Le choc des images (le corps inerte d’un jeune enfant sur une plage, celui d’Aylan), les images souvent insoutenables de centaines, de milliers de personnes tentant par tous les moyens de traverser la Méditerranée, souvent au prix de leur vie, des femmes et des hommes s’engouffrant dans des wagons surchargés ont alerté et souvent choqué les opinions publiques des diverses nations d’Europe

Force est de constater que surenchères, propos alarmistes et souvent indécents émanant de personnes  semblant dépourvues à certains égards de tout sens de l’humanité sont légion.

Dans le même temps, force est également de constater que l’on entend des propos démagogiques et de nature à accréditer l’idée que tout est possible et que tous les pays de l’Europe sont capables d’accueillir toujours plus et ce, sans aucune limite.

On ne peut que déplorer, en vérité, l’absence de discours clairs, de mises en perspective et du moindre effort pédagogique.

On ne peut aussi que dénoncer l’exploitation des peurs qui peuvent parfois s’exprimer alors qu’il faudrait expliquer et rationaliser les approches.

Une constatation, une fois de plus s’impose : l’extraordinaire diversité des positions et des politiques défendues et menées par les différents Etats de l’Union et l’absence de toute concertation, au moins apparente, entre les divers dirigeants de celle-ci.

A cet égard, au-delà des situations spécifiques à chacun de ces Etats, on ne peut que déplorer l’absence d’une réelle harmonisation en matière de politique migratoire et de politique à l’égard du problème des réfugiés qui prend une ampleur considérable en raison de l’extension des conflits au Proche et Moyen-Orient.

A cet égard aussi, on ne peut faire abstraction des controverses autour des notions de réfugiés de guerre, de réfugiés politiques, d’immigrés légaux et de clandestins, souvent pour des raisons économiques. On ne peut davantage faire abstraction   des querelles de chiffres qui ne sont certes pas anodines : 24 000, 120 000, 160 000, 450 000, 800 000 ! Que recouvrent ces statistiques ?

Rien n’est dit et fait pour expliquer rationnellement les faits et permettre aux opinions publiques des divers Etats de se former en toute objectivité !

 Un jour, l’Allemagne, par la voix de sa chancelière, se déclare prête à recueillir 800 000 réfugiés, sans au demeurant  informer les autres  dirigeants de l’Union européenne. Un autre jour, pas longtemps plus tard, la chancelière se déclare « dépassée, débordée », si l’on en croit la presse, avant d’indiquer tout récemment que [si s’était à refaire], « je ferais la même chose ».

Le vice-chancelier, Monsieur Gabriel, de son côté, laisse entendre dans un premier temps, en septembre, que l’Allemagne est à même d’accepter 500 000 réfugiés par an, avant de préciser début octobre : « Nous devons absolument parvenir à réduire sensiblement l’année prochaine le nombre de réfugiés en Allemagne », estimant qu’il en va selon lui de la « cohésion de la société allemande ».

On entend ainsi tout et son contraire, et ce, en un laps de temps particulièrement  court, ce qui n’est évidemment pas de nature à rasséréner les esprits et à calmer le jeu politique.

Un certain équilibre est à trouver. Il faut, d’une part, éviter les pièges d’un emportement émotionnel qui pourrait être à certains égards contreproductif et déchaîner des campagnes indignes émanant de ceux qui réfutent une approche jugée par eux laxiste et irresponsable.

Il faut avoir à l’esprit, d’autre part, que le devoir premier des dirigeants est de tenir là, comme en bien d’autres domaines, un discours de vérité et prendre en considération les réalités afin d’appréhender l’avenir avec sérénité et le sens aigu des responsabilités.

Une politique européenne claire et crédible répondant à ces deux exigences s’impose en la matière dans un contexte particulièrement inquiétant pour le devenir démocratique de l’Union européenne, cette dernière étant désormais confrontée à des vents mauvais, ceux des populismes et extrémismes de toutes sortes qui n’ont qu’un seul objectif : défaire et détruire ce qui existe pour renouer avec les démons du passé toujours prompts à faire feu de tout bois sur l’autel de l’intolérance et de la division séculaire de l’Europe du fait de nationalismes étriqués et désuets, incapables de transcender les divisions de leurs peuples et d’affirmer sur la scène du monde le rôle d’une Europe puissance, donc souveraine et maîtresse de son destin.

 

Gérard-David Desrameaux

 

07/09/2014

POUR UNE DEFENSE EUROPEENNE ET OPERATIONNELLE

Editorial

« Le nationalisme, c’est la guerre ». Cette formule souvent rappelée par un homme d’Etat qui ne mettait pas son drapeau dans sa poche est plus que jamais d’actualité.

Des bruits de bottes se font de nouveau entendre aux confins de cette Europe aux contours incertains.

Des menaces, des provocations, des gesticulations de toutes sortes, au demeurant partagées et toutes aussi irresponsables les unes que les autres, ravivent des tensions, entraînent des haines et maintiennent un climat lourd de conséquences.

Certains vont jusqu’à évoquer un retour au temps de la guerre froide.

Guerre froide ou guerre bien réelle pour certaines populations, un fait est là : la guerre est une nouvelle fois aux portes de l’Europe et force est de constater que l’Union européenne est bien désarmée, au sens propre comme au sens figuré face à une crise qu’elle n’a pas su anticiper ou tout simplement imaginer tant elle était persuadée – à tort bien évidemment - que la guerre relevait désormais du passé et relevait de l’impensable.

C’était à l’évidence sous-estimer la capacité de certains à confondre nationalisme avec patriotisme ? C’était aussi ignorer que les mêmes causes ou des causes voisines produisent souvent des effets du même genre. C’était en même temps accorder peu de crédit à la géopolitique et à l’histoire des peuples et des civilisations.

Des risques majeurs existent ainsi aux frontières de l’Union européenne.

Dans le même temps, le Proche-Orient connaît crises sur crises et le sang coule à flot, en Irak, en Syrie et en Libye notamment. Des fanatiques et terroristes font régner la terreur et menacent tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Les budgets militaires sont en hausse dans la plupart des pays du monde, notamment en Russie, en Chine et aux USA. Tel n’est pas le cas en Europe et en France, pour cause d’austérité et de restrictions budgétaires.

Au printemps dernier lorsque la question du respect ou non de la loi de programmation militaire 2014-2019 était posée et que des interrogations et des inquiétudes formulées ici ou là, y compris par le ministre de la défense, M. Le Drian, et ce, sur fond de malaise au sein de l’armée, le Premier ministre avait fait savoir qu’elle serait « totalement préservée ».

De fait, il était absolument nécessaire de « sanctuariser » comme il est coutumier de dire le budget de la défense au niveau où il avait été fixé à la fin de l’année.

Au-delà de tout esprit polémique il est cependant tout à fait légitime de s’interroger sur la nécessité ou non de faire mieux et de faire plus dans un contexte qui n’est pas caractérisé, c’est le moins que l’on puisse dire, par un esprit de détente et d’harmonie entre les nations, comme il vient d’être dit.

Aujourd’hui, il est absolument nécessaire de prendre conscience des enjeux et de la nature des défis.

En outre, il s’agit à l’évidence d’un domaine - celui de la défense et de la sécurité - dans lequel l’Europe doit s’investir à fond en procédant notamment à une mutualisation de nos dépenses en matière d’armement. Sans défense européenne forte et opérationnelle, il n’y a pas, il n’y aura pas d’Europe puissance, d’Europe souveraine.

 

Gérard-David Desrameaux

19/05/2014

POUR UN APPEL SOLENNEL DES PLUS EMINENTS EUROPHILES

Editorial

Nous sommes désormais à quelques jours des élections européennes qui vont se dérouler du 22 au 25 mai 2014. Et, pourtant, nous ne voyons poindre à l’heure actuelle la moindre ébauche de propositions crédibles permettant de refonder l’Europe, cette Europe critiquée, maltraitée, vilipendée, dénoncée par les europhobes de toujours et par des cohortes d’eurosceptiques qui ne mesurent pas les conséquences dramatiques qu’auraient sur les peuples d’Europe l’abandon même de l’idée de construction européenne.

Une clarification sur le devenir de l’Europe va s’imposer à terme.

Face au déferlement de vagues d’euroscepticisme, les dirigeants ne pourront longtemps encore accepter le statu quo actuel.

Des initiatives devraient venir non pas de ceux qui n’ont pas de mots assez durs à l’encontre de l’Union européenne mais de ceux qui ont toujours été les plus ardents avocats de la construction européenne.

Au risque de mécontenter un peu plus ceux qui ne soutiennent que mollement le projet européen, un appel solennel émanant des principaux dirigeants politiques, économiques, financiers mais aussi d’intellectuels et bien évidemment de chefs d’Etat et de gouvernement, en activité ou non, devrait être lancé en vue de refonder le projet européen et de franchir une étape décisive dans la voie d’une authentique Europe politique.

Cet appel, véritable acte fondateur d’une Europe puissance, d’essence fédérale et dotée des instruments de la souveraineté devrait être adressé à tous ceux, Etats et peuples qui accepteraient de s’engager dans cette voie.

J’ai souvent ici-même exprimé le vœu que d’éminents artisans de la construction européenne sachent transcender leurs clivages et parler d’une même voix  pour lancer un tel appel afin de faire barrage à la déferlante europhobe.

Dans le même sens, le bureau du RCE publiait déjà le 9 mai 2010 un communiqué traduisant le même souhait, ainsi rédigé :

« Le Rassemblement Civique pour l’Europe regrette le silence des politiques et notamment des plus européens d’entre eux alors que la monnaie européenne est attaquée et que l’idée même de construction européenne est une nouvelle fois dénoncée par les eurosceptiques de tous bords qui vont jusqu’à annoncer le décès prochain de l’euro.

Il est urgent et indispensable que des autorités européennes incontestables, des hommes d’Etat, des personnalités politiques, des universitaires,  des philosophes,  des juristes, des  économistes, notamment, qui ont consacré l’essentiel de leur vie à la construction de l’Union européenne, fassent entendre le son de leur voix et lancent un appel solennel en vue de sauver le concept même d’ « Europe Unie » en indiquant la marche à suivre pour franchir une étape décisive.

Le courage politique est aujourd’hui plus que jamais nécessaire. Il y va de l’avenir de l’Europe et du devenir de ses peuples, unis dans la diversité.»

Des voix ont été entendues, des paroles prononcées, des articles rédigés, mais nulle initiative d’importance et concertée engagée.

Quatre ans plus tard, les Européens, non pas béats comme disent les europhobes et les eurosceptiques de toujours, mais les Européens conséquents, appellent des paroles et des actes beaucoup plus forts. Ils attendent un projet mobilisateur et une vision claire de l’avenir qui leur est proposé.

 

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE